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Mediator : cinq questions pour comprendre l’affaire Le procès de ce scandale sanitaire monstre s’ouvre ce lundi, 10 ans après le retrait du médicament de Servier. Voici ce qu’il faut savoir sur ce coupe-faim vendu comme un antidiabétique.

5 octobre 2019

Le Parisien, article à lire : cliquer ici

Par Marc PayetLe 23 septembre 2019 à 06h02

Dix ans après le retrait du marché du Mediator, médicament des laboratoires Servier à l’origine de très graves lésions cardiaques, le procès de ce scandale sanitaire s’ouvre ce lundi devant le tribunal correctionnel de Paris. Retour sur l’affaire en cinq questions.

Par Marc PayetLe 23 septembre 2019 à 06h02

Dix ans après le retrait du marché du Mediator, médicament des laboratoires Servier à l’origine de très graves lésions cardiaques, le procès de ce scandale sanitaire s’ouvre ce lundi devant le tribunal correctionnel de Paris. Retour sur l’affaire en cinq questions.Ouverture dans 0Sponsorisé par JeepJEEP RENEGADE QUIKSILVER EDITION Jeep® s’associe à la marque emblématique Quiksilver. Cette série spéciale saura vous séduire par son style unique et son équipement complet.DÉCOUVREZ-LA >

1. C’est quoi le Mediator ?

Il s’agit d’un médicament vendu comme antidiabétique, selon son dossier d’autorisation de mise sur le marché en 1976. En réalité, il fait partie de la famille des « coupe-faim » sur lesquels travaillent les laboratoires Servier depuis les années 1960. Sentant le bon filon, le groupe a très tôt misé sur le marché de l’amaigrissement. Il lance un premier coupe-faim, le Pondéral, puis l’Isoméride. Entre les deux, il y aura donc le Mediator. Mais c’est un coupe-faim qui ne dit pas son nom.

2. Quels sont ses dangers ?

Selon les données de l’enquête, Servier sait dès le départ qu’il est dangereux. Une note rédigée par les pharmacologues qui ont mis au point le produit précise que la substance libérée dans le sang est inductrice « de nombreux effets secondaires ». Mais le dossier de mise sur le marché est expurgé de ces remarques.

En 1997, une équipe de l’hôpital Antoine-Béclère, à Clamart (Hauts-de-Seine), démontre que les coupe-faim à base de fenfluramine provoquent de l’hypertension artérielle pulmonaire. Une deuxième étude confirme ces données. L’Isoméride et le Pondéral sont alors retirés du marché. Mais pas le Mediator.

3. Pourquoi les alertes n’ont-elles rien donné ?

Des alertes ont bien été lancées, mais de manière éparse. En 1998, les autorités sanitaires suisses notent que le Mediator est « chimiquement apparenté aux anorexigènes de type fenfluramine ». En 1999, un cardiologue marseillais signale une insuffisance aortique chez un patient. En 2003, un premier cas de valvulopathie est découvert en Espagne. Le Mediator sera retiré du marché espagnol deux ans plus tard.

« En France, aucune autorité n’en tire les conséquences qui s’imposent, parce que Servier dissimule des données, mais aussi parce que des experts de l’Agence du médicament ont des liens d’intérêt avec lui », accuse Me Charles Joseph-Oudin, qui défend 250 victimes. De son côté, le groupe assure « n’avoir rien dissimulé », selon un porte-parole qui promet que « la vérité éclatera à l’audience ».

4. Comment Irène Frachon a-t-elle fait éclater l’affaire ?

La pneumologue du CHU de Brest (Finistère) Irène Frachon voit en consultation des malades qui ont des valvulopathies et fait le lien avec les lésions au cœur qu’elle a découvertes douze ans plus tôt, en 1997, quand elle était interne dans le service qui a mis au jour les méfaits de l’Isoméride. « J’ai passé énormément de temps à analyser des dossiers. Et cela m’a sauté aux yeux. Il était totalement incroyable que ce poison soit encore en circulation! Je voyais des gens mourants, et j’ai vu le coupable. »

Elle aura toutes les peines à se faire entendre de l’Agence du médicament. Aidée par l’ancien député PS et professeur de médecine Gérard Bapt, elle finit par obtenir le retrait du Mediator en novembre 2009 et publie dans la foulée un livre-enquête. La presse s’empare du sujet. En novembre 2010, Le Parisien titre à sa « une » : « le Médiator, 500 morts ». L’affaire tourne donc au scandale sanitaire.

VIDÉO. Victime du Mediator : « J’ai la haine… Ils ont volé ma vie ! »

5. Qui seront les prévenus jugés lors du procès ?

Après des années d’instruction et de multiples recours, 25 prévenus ont été renvoyés en correctionnelle : 11 personnes morales (diverses sociétés du groupe Servier, mais aussi l’Agence du médicament) et 14 personnes physiques, principalement d’anciens cadres dirigeants du groupe Servier, mais aussi des hauts fonctionnaires de l’agence du médicament, qui travaillaient pour le groupe Servier et sont poursuivis pour « prise illégale d’intérêt ».Newsletter – L’essentiel de l’actuChaque matin, l’actualité vue par Le ParisienJE M’INSCRISVotre adresse mail est collectée par Le Parisien pour vous permettre de recevoir nos actualités et offres commerciales. En savoir plus

L’ancien directeur de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) Claude Griscelli répondra, lui, de « trafic d’influence » et l’ex-sénatrice Marie-Thérèse Hermange de « complicité de trafic d’influence ». Ils sont soupçonnés d’avoir usé de leurs réseaux pour ralentir l’enquête.