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CHARLES JOSEPH-OUDIN, L’AVOCAT QUI INQUIÈTE SERVIER, Paris Match Juillet 2011

8 février 2019

Source : Paris Match

Charles Joseph-Oudin, l’avocat qui inquiète Servier

Paris Match |

David Le Bailly

A seulement 28 ans, l’avocat Charles Joseph-Oudin s’attaque à l’empire Servier, dont les laboratoires ont commercialisé le Mediator, ce médicament qui serait à l’origine de la mort de centaines de personnes.

C’est le pot de terre contre le pot de fer. Et il aime ça. Son bureau ressemble à une chambre d’étudiant un peu foutraque, nichée dans le XIVe arrondissement de Paris, à quelques pas du parc Montsouris. On est loin de l’atmosphère solennelle des grands pénalistes du boulevard Saint-Germain, mais qu’importe : Charles Joseph-Oudin a le cœur, l’envie et la volonté. Il nous montre les dossiers qui s’empilent – 10 centimètres d’épaisseur chacun –, les revues médicales qu’il parcourt avec assiduité, les lettres de malades qu’il reçoit tous les jours.

Un premier procès contre Servier dès janvier?

Sa première victoire, il l’a obtenue il y a quelques jours, avec le feu vert de la Cour de cassation aux trois citations directes déposées devant la 15e chambre du tribunal de Nanterre, présidée par Isabelle Prévost-Desprez. En langage ordinaire, cela veut dire qu’un premier procès pénal contre Servier va pouvoir peut-être se tenir dès janvier et non attendre des années, comme c’est le cas dans ce genre d’affaire. Sur les 50 victimes associées à cette démarche, une vingtaine sont des clients d’Oudin. « La Cour de cassation a rendu une décision courageuse. Je ne l’espérais même plus », se réjouit-il.

A Nanterre, le cadet du barreau retrouvera face à lui le ténor Hervé Temime. Même pas peur. « C’est un honneur de l’avoir comme contradicteur », lance-t-il avec une pointe d’insolence. Fils de famille des beaux quartiers de Paris, son parcours est classique : lycée Stanislas, université d’Assas, une année à Oxford. Avant l’entrée dans un grand cabinet anglo-saxon. C’est à ce moment-là que le jeune homme décide de prendre son destin en main. « Je ne voulais pas être un esclave », dit-il. Une force de caractère qui ne sera pas de trop à l’heure d’affronter les labos Servier.